Lundi dernier, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a mis en vigueur un accord sur les subventions interdites dans le secteur de la pêche.
Parmi les pays qui n’ont pas signé cet accord figurent notamment le Mexique, l’Inde, la Thaïlande et l’Indonésie.
Chaque année, les gouvernements dépensent environ 22 milliards de dollars américains en subventions néfastes qui contribuent à la surpêche et à l’épuisement des ressources marines.
Subventions interdites dans le secteur de la pêche
La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré qu’avec la mise en œuvre de cet accord, ces dépenses diminueront, atténuant ainsi les dommages qu’elles causent.
Elle a également déclaré que les membres de l’OMC auront la possibilité de réorienter ces ressources vers une gestion plus durable de la pêche, en soutenant des pratiques qui protègent les écosystèmes marins, renforcent les moyens de subsistance et améliorent la sécurité alimentaire.
Cette transformation revêt une importance particulière pour les plus de 260 millions de personnes dans le monde qui dépendent de la pêche maritime pour leur subsistance.
Signé par 111 membres de l’OMC, l’accord limite les subventions aux activités de pêche illégales, qui épuisent entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons par an, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce qui représente 20 % des captures mondiales.
De plus, cette activité ne pénalise pas seulement les pêcheurs légaux. Elle cause également des dommages économiques considérables. Le coût global est estimé à 50 milliards de dollars par an.
L’accord interdit également les subventions pour les populations surexploitées. Selon la FAO, celles-ci représentent 35 % des espèces évaluées pour 2025. Seule une aide financière destinée à la reconstitution des stocks épuisés est autorisée.
Accord multilatéral
Il s’agit du premier accord à entrer en vigueur à l’OMC depuis 2017. Il marque également une étape importante en devenant le premier accord multilatéral de l’organisation axé sur la durabilité environnementale.
Quelles subventions sont interdites en vertu de l’accord ?
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Subventions contribuant à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN)
L’accord interdit les subventions aux navires et aux opérateurs pratiquant la pêche INN. La restriction s’applique également lorsqu’ils participent à des activités liées à cette pratique illégale.
En outre, l’interdiction entre en vigueur s’il existe une détermination de pêche INN. Cette décision peut être prise par un membre côtier, un État du pavillon ou une organisation régionale de gestion des pêches. Elle peut même émaner d’organismes internationaux créés pour conserver et gérer des espèces spécifiques.
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Subventions liées aux stocks surexploités
L’accord interdit les subventions destinées à la pêche dans les stocks surexploités. Il interdit également le soutien aux activités connexes, dès lors qu’un membre côtier ou une organisation régionale de gestion des pêches dans son domaine de compétence en décide ainsi.
Toutefois, la règle prévoit des exceptions. Les subventions peuvent être maintenues si elles sont destinées à reconstituer la population à un niveau biologiquement durable. Elles sont également autorisées lorsque des mesures garantissant la reconstitution des ressources sont mises en œuvre.
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Subventions pour la pêche ou les activités liées à la pêche en haute mer non réglementée
L’accord interdit les subventions à la pêche dans les zones situées en dehors de la juridiction d’un membre côtier ou d’un non-membre côtier. Cette restriction s’applique également aux activités qui ne relèvent pas de la compétence d’une organisation régionale de gestion des pêches.
En d’autres termes, l’interdiction couvre les zones et les espèces qui ne relèvent pas de la compétence d’une ORGP/A pertinente. L’objectif est de combler les lacunes juridiques qui permettaient auparavant d’accorder des subventions dans des zones sans réglementation claire.
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Autres disciplines et dispositions
D’autres disciplines demandent aux membres d’agir avec une prudence particulière. Elles exigent également de faire preuve de modération dans l’octroi de subventions aux navires qui ne battent pas leur pavillon.
En outre, les règles s’appliquent lorsqu’il s’agit de soutenir la pêche dans des populations dont l’état est incertain. L’objectif est d’éviter les risques pour les espèces pour lesquelles on ne dispose pas de données suffisantes sur leur durabilité.